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Remontons le temps… à l’époque où il fallait plus d’un mois pour se rendre de Marseille à Saïgon ou en Australie. En 1851, un petit armateur Marseillais, Albert Rostand propose au directeur des Messageries Nationales (terrestres), Ernest Simons, de s’associer pour créer une compagnie maritime de messagerie. Le but est d’assurer à la fois le transport des passagers et du fret, mais aussi de respecter une convention passée avec l’Etat pour acheminer le courrier avec régularité. La compagnie assurait donc deux sortes de lignes : une purement commerciale indépendante et l’autre, la ligne postale, subventionnée par l’Etat. C’est la naissance des Messageries Maritimes.

Les quais du Vieux-Port, rapidement trop petits ont fait place au nouveau port de la Joliette en 1854. Les navires construits dans les chantiers navals de la Ciotat, puis ceux de la Seyne sur Mer et de Port-de-Bouc, ouvrent les lignes d’abord vers l’Italie, puis très vite vers l’Algérie et la mer Noire. Viennent ensuite les liaisons de l’Indochine à Shangaï. Suite à l’ouverture du Canal de Suez les temps de parcours diminuent et les bateaux atteignent la Réunion, Maurice et les Seychelles. Ils voguent ensuite vers Mombassa, Madagascar et enfin la Nouvelle Calédonie.

Une ligne postale vers l’Amérique du Sud est créée en 1860, allant jusqu’à Rio de Janeiro en passant par Lisbonne et le Sénégal. C’est pour les besoins de cette ligne que la compagnie fondera la ville de Dakar qui servira d’escale et de dépôt de charbon jusqu’en 1912 et permettra une extension des voyages directs jusqu’à Buenos Aires.

Parallèlement à ses grandes lignes intercontinentales, le réseau des Messageries Maritimes s’étoffe par des lignes « moyen courrier » comme Marseille-Londres. En 1912 la compagnie se tourne vers une rentabilisation du fret et l’amélioration du confort des passagers avec l’abandon du transport du courrier et la construction de nouveaux navires ou la modification des anciens en conséquence.

Les deux guerres vont entraîner de profonds changements avec la destruction du tiers des navires. Certains ont été sabordés en 1944 par les allemands pour boucher les passes à l’entrée des ports. Certains sont réquisitionnés par les Alliés et participent à la guerre comme transports de troupes ou de fret.

Le trafic reprend doucement en 1945, surtout pour le rapatriement des réfugiés et exilés. En 1947 on voit l’arrivée des bateaux américains, les liberty ships, dans le cadre du plan Marshall qui permet le redémarrage du transport de fret. À partir des années 1950 la compagnie est nationalisée. Pour les passagers, un programme de construction de grands paquebots mixtes est lancé pour les liaisons vers l’Océan Indien et le Pacifique. Pour la Méditerranée elle choisit des bateaux plus petits.

Les années 1960 voient naître le premier pétrolier, puis les premiers navires automatisés ainsi que le premier porte conteneur et le premier gazier. La fusion avec la Compagnie Générale Transatlantique est décidée en 1973 et débouche sur la création de la Compagnie Générale Maritime, la Compagnie des Messageries Maritimes ferme ses portes le 23 février 1977. 

Le bâtiment, situé place Sadi Carnot à Marseille (13002), a servi de siège historique de la compagnie pendant 72 ans. A l’origine hôtel haut de gamme, le Régina a hébergé jusqu’en 1930 les voyageurs en attente d’embarquement pour les destinations lointaines. Depuis la fermeture des Messageries Maritimes il est occupé par les services du Trésor Public.

De nos jours c’est l’Association French Lines basée au Havre qui conserve le patrimoine historique des grandes compagnies maritimes françaises, dont les Messageries Maritimes. Elle s’applique à mettre en lumière le rôle capital de la Marine marchande dans l’histoire, organise des expositions et réalise de nombreuses publications.

Première entreprise de navigation française de taille internationale et l’une des plus importantes que la France ait connue, les Messageries Maritimes ont porté une aventure humaine à travers les mers. Cet âge d’or a accompagné les grands flux commerciaux et les grandes migrations mondiales du début du siècle.

Et comme le rappelle Marie-Françoise Berneron-Couvenhes dans son ouvrage Les Messageries Maritimes: l’essor d’une grande compagnie de navigation, « Rayonnant depuis Marseille, elles apparaissaient alors comme les deux mains de la France qui se rejoignent à l’autre bout de la terre ».

Sources :
Sites : www.messageries-maritimes.org ; www.frenchlines.com ; www.vieux-marseille.com & Yelp & Wikipedia & glumph.free.fr

Livre : Les messageries maritimes: l’essor d’une grande compagnie de navigation…  de Marie-Françoise Berneron-Couvenhes
Photos : Archives & Google Street View & Delcampe.net

Texte écrit par : Martine Raiola

 

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